samedi 30 avril 2011

Slowmotion

« CRAC ». C'était le 14 mars dernier. C'est drôle comme une simple seconde peut vous faire basculer toute une année. Il est 21H03'42''. Nous sommes à Choisy avec mon équipe du Winamax Football Club. Je viens d'inscrire un doublé et m'apprête à disputer mon dernier ballon du match. Il s'agit d'une passe mal ajustée sur le flanc droit. Le ballon sort en touche et je poursuis ma course à la recherche de la balle. Dans ma tête trotte certainement déjà les quelques excellentes heures à venir pour fêter la victoire. Ou bien peut-être cette soirée que je compte organiser pour mon anniversaire dans trois jours. Mais trop tard : il est 21H03'43''. « CRAC ! »
Sans réellement comprendre comment, je m'effondre et sens une immense douleur envahir mon pied gauche. Dans ma chute, je peux apercevoir le défenseur qui était à ma poursuite se prendre la tête à deux mains en observant ma blessure, tout en rameutant les deux équipes en criant : « Ne regarde surtout pas ton pied ! » La douleur est insoutenable, mais étrangement – et à mon grand regret, je ne m'évanouis pas. Vingt-cinq minutes plus tard, les pompiers sont enfin sur place et me transportent à l'hôpital le plus proche. Ce n'est qu'une heure après l'incident qu'on m'injectera de la morphine. J'accepte alors enfin de prendre connaissance des faits : alors que je suis sur le ventre, mon pied est orienté vers le haut, retourné à 180 degrés ! Le diagnostic est sans appel : double fracture luxation de la malléole.
Le comble du couvreur ? Un problème de cheville...
« Mordez là-dedans » m'ordonne un chirurgien. Il se saisit alors de ma cheville et, sans même me prévenir, la remet droit d'un coup sec, me forçant à lâcher le cri le plus intense qu'il m'ait été donné de pousser. La douleur est indescriptible et la morphine coulera à flot deux jours durant. Je peux enfin sortir de l'hôpital.
Tout sera néanmoins à refaire trois semaines plus tard. Lors d'une radio de contrôle, j'apprends que ma cheville a de nouveau bougé. Ce qui entraîne une seconde opération et un retour à la case départ de ma convalescence. C'était le 4 avril dernier. A compter de cette date, les médecins m'ont confié que je n'avais pas le droit de poser le pied par terre durant trois mois. Je suis donc contraint de passer mes journées allongé. Par la suite, je vais suivre une longue rééducation. J'espère pouvoir remarcher en septembre même si, une fois le plâtre enlevé, il sera déjà plus simple pour moi de me déplacer. Pour le sport, il ne faut pas rêver : je ne reverrai pas les terrains avant 2012.

J'ai été très sincèrement touché par vos messages de soutien, ceux de mes amis comme ceux de nombreuses personnes que je n'ai pas encore eu la chance de rencontrer, via les réseaux sociaux ou les forums, et je vous en remercie encore grandement. 
Nombreux sont ceux qui m'ont dit que j'allais pouvoir me remettre à plein temps au poker. Mais il n'en est rien. J'ai pas mal joué durant les SCOOP, avec pas mal de réussite, mais je ne trouve pas quotidiennement la force de « grinder ». J'arrive effectivement rarement à garder ma concentration plus d'une heure et préfère donc éviter de « spew ». Je suis de plus bien entouré et ne compte pas bassiner mes proches avec le poker. Et comme m'a confié celle qui m'aide au quotidien : « Je suis contente de te revoir apprécier des moments simples de la vie. » 
 
J'ai donc fait une croix sur le circuit pour les mois à venir, ce qui veut dire que je ne me rendrai pas à Las Vegas pour la grande messe annuelle. J'essaierai néanmoins de vivre l’événement à distance en assistant du mieux que je peux Benjo dans son travail. Par ces quelques lignes, je souhaitais donc vous dire que la convalescence suit son cours, que le moral est au beau fixe et, surtout, vous remercier une nouvelle fois pour tous vos messages ! A très bientôt.

mercredi 5 janvier 2011

En heads-up contre Morphée

Texte écrit lundi 3 janvier

« Je passe encore une nuit blanche, une heure sur le dos, deux sur la tranche. J'essaye un rêve puis le rature, passe par toutes les températures. » Casque branché sur les oreilles, je suis plus que jamais plongé dans le titre de Renan Luce. Nuit blanche. Il est minuit et je rentre tout juste de Londres, où j'ai passé les festivités du nouvel an avec ma meilleure amie. Comme depuis trois jours, impossible de fermer l'oeil : j'ai respectivement dormi quatre heures, une heure et demi puis une centaine de minutes lors des trois dernières nuits.

Voilà deux heures que j'essaie toutes les positions pour trouver le sommeil, mais rien n'y fait. Ma meilleure amie vient se coucher à son tour, et ses yeux se ferment en tout juste cinq minutes. Elle est déjà partie rejoindre Morphée, me laissant ainsi seul à lutter. Côté gauche, sur le ventre, côté droit, sur le dos, erf, toujours pas. Oh et puis merde, j'en ai marre de faire la toupie. Place à la résignation. Allongé, j'ouvre grand les yeux et commence à contempler la pièce, cherchant le moindre détail intéressant. Le volet est entrouvert et quelques ombres de voitures se distinguent sur les murs. J'essaie de deviner les modèles, mais la lassitude me gagne après le seul passage de trois camionettes en dix minutes.

Je pourrais sortir le PC, mais ce serait pas vraiment fair-play pour elle, qui doit déjà rêver de lendemains. Mon ordinateur a une facheuse tendance à imiter les avions quand il démarre, et j'ai plutôt le pas lourd sur le coup des deux heures du mat'. Putain, deux heures. C'est le moment de se saisir d'un objet à distance des bras, et d'y trouver un truc à faire. Mater les 2,158 photos de mon téléphone. Pourquoi pas. Ca m'a fait marrer de (re)voir (2008) Morei se transformer en Big Momo, mes photos de fan boy en croisant Daniel Negreanu à Barcelone, Germain133 et Riverben durant ce même EPT, Antoine et Bastoche se faire dévaster par une vague, Elena faire la con à côté de mon cadavre, Bastoche se faire piéger aux chiottes, (2009) mon réveil avec 3 grammes au milieu d'une piste de ski, Kinshu et son amour pour les poissons, Cécé dormir comme un bébé, une soirée Lyonnaise avec Elena, Juljulos se préparer à défier Claude François, Xav_13 passer la serpillère, des moutons nous encercler à Toulon, une escapade en bateau imprévue avec Xav_13 et Titoine, le portefeuille du balla Guillaumezur après une soirée, notre épopée avec Xav_13 et Riverben à Budapest, ma salle de multitabling à Paris, Yuestud se transformer en Brigitte Bardot, un baseball de Kangoo et Jaybee à Carrefour, Tall, Yuestud et Régis se perdre à Venise, Benjo y faire fuire les oiseaux, un bar décoré de soutiens-gorge, Morei et Rémi sortir de prison, un banc de billet de 20 euros, quelques verres de vin pris à la plage avec Morei, des shooters flambés, une féria se terminer sans blessures, quelques vengeances bien placées, William Thorson ridiculiser Elky dans un drinking contest à Barcelone, Davidi nous raser à Londres, un après-midi au Nikki Beach de Marrakech avec Xav_13, Emilie finir en string dans la piscine du Es Saadi, un passage éclair dans une fac pour voir Elena, un après-midi au sommet de la Tour Eiffel, Roro, Brubru, Pshico et Antonia faire du patinage à Amsterdam, la vue de ma chambre à Vilamoura, Jooles se faire draguer par une MILF, Tallix mal se remettre d'une soirée à Toulouse, Brubru montrer sa fashion touch à Prague, Jason faire du break-dance à Londres, Janot battre le staff Winamax au kart, mon petit neveu profiter de ses toutes premières nuits, (2010) FrenchKiss commander un Malibu à Berlin, la folle ambiance de Stamford Bridge, mon recrutement à San Remo, FrenchKiss devenir jockey à Vincennes, Gasquet/Murray à Roland Garros, les fontaines du Bellagio, la piscine de notre villa à Vegas, Jooles devenir gros, un après-midi bateau sur le lac Mead, une séance de tirs à Vegas, la vue sur le Bellagio et le Paris un lendemain de cuite, Frenchietouch, Clem2511 et Pshico sortir du Rhino en Limo, le concert privé de Ja-Rule, Steve Aoki mettre le feu au Surrender, le showcase de Snoop Dogg au Palms, mon score de 198 au Bowling, Benjo à l'assaut du Grand Canyon, notre ballade en cheval à Monument Valley, le lever de soleil de Bryce Canyon, une gogo débarquer à Ancone, une virée en Jeep avec Xav_13, Lady_Cécé et Picolove à travers les montagnes dromoises, la folie du Prosper à Toulon, un karting bourré avec Roroflush, Bastoche, Xav_13 et Titoine, un trampoline dans un état similaire avec les mêmes, Joachim Garraud mettre le feu à la Villa Bivona, le coffre de la voiture avant une soirée à Cannes, un jogging avec Guillaume et Tristan à Dublin, Steven profiter du soleil de Marrakech, Stéphane débattre au Kitch, un week-end à Vienne avec Elena, Tallix raser Locsta, Brubru, Steph Matheu et d'autres degens dans les bas fonds de Vienne, le Parc des Princes pendant le Clasico, une semaine de tennis à Paris-Bercy, Kinshu tomber le mini-bar de l'avion, les liasses de billets gagnés avec Roroflush à Marrakech, Steven dresser un serpent, un run en quad dans le désert marocain, une soirée à Prague avec Roroflush, mon neveu grandir auprès de ma mère, Morei frapper un Titoine un peu trop éméché à Lyon et la soirée à l'0² Brixton Academy pour le nouvel an.

Après avoir vu tout ça, forcément, on se sent un peu plus léger. J'ai fermé mon téléphone et l'ai posé à mes côtés. J'avais un sourire niais affiché sur mon visage. J'étais content, tout simplement. J'ai essayé un nouveau rêve, et, cette fois, n'ai pas eu à y apposer la moindre rature.